Management résonnant : voir différemment pour progresser

Auteur et conférencier, Damien Launay explore avec humour et humilité le management en entreprise en cherchant à comprendre le sens au travail et l’importance du collectif. Dans son livre « Comment faire avancer son ân(m)e ? », l’autodidacte – qui a fait ses armes dans les champs et usines bretonnes – est aujourd’hui conseiller en organisation au conseil départemental du Morbihan partage des pistes intéressantes pour aller vers un management résonnant, au bénéfice de tous.
Une équipe à orchestrer
Parce que l’humain est un animal social, comme l’âne, les relations aux autres sont au cœur des dynamiques au travail. Le collectif est un axe central de la motivation : l’alchimie d’un groupe, les connexions qui se créent entre les personnes.… Ainsi, pour être un bon leader, être un excellent technicien ne suffit pas : les softskills, intégrant cette intelligence relationnelle dans l’approche managériale, sont primordiaux. Il s’agit assurément d’un des fondamentaux qui, pour le coup, ne bouge pas avec les modes managériales qui se succèdent.
Même s’il n’y a pas de recette pour être un manager idéal, miser sur le lien me semble une belle voie à suivre pour les PME et ETI. C’est un vrai levier de performance et de fidélisation.
Je crois profondément que s’appuyer sur cette énergie qui résonne en nous peut changer positivement le monde de l’entreprise.
Une question de confiance
Nous sommes tous des êtres biaisés. En effet, avec 250 biais cognitifs repérés à ce jour, l’être humain suit une logique sous influences multiples. Cette altération de la capacité de décision s’additionne avec d’autres contraintes comme le manque de temps ou d’information. Dès lors, même en éclairant sa vision du mieux qu’il peut, le manager doit mobiliser une dose d’intuition et se nourrir des avis contraires.
En avoir conscience permet de remplacer les certitudes par des convictions. Cela ouvre l’esprit pour mieux faire confiance aux autres et laisser plus de place à ses collaborateurs. Cette libération est bénéfique car elle encourage l’initiative pour faire bouger les process trop souvent sclérosés et les améliorer.
Cela signifie aussi que renouer le dialogue est nécessaire. Il est intéressant de constater que 14 % des dirigeants définissent leur style de management comme directif lorsque 81 % des salariés le ressentent comme tels. Une telle différence de perception, sincère pour chaque partie, est la preuve que les conditions réelles d’échange ne sont pas mises en place. Mais ce n’est pas une fatalité…
Au quotidien, il y a un plein de petites solutions, comme le fait de renvoyer une image positive et dynamique qui, par l’effet neuro-miroir, va booster les équipes. Donner et accepter de recevoir des feedbacks est aussi une bonne façon de libérer la parole.
Miser sur les « cons- »
Dans mon livre, j’ai développé 14 commandements qui sont en réalité des recommandations à picorer. L’objectif est de progresser pour savoir ce qui fait du bien au travail.
Je fais par exemple passer le message qu’il faut laisser la place aux « cons- ». C’est évidemment provocateur, puisque j’entends ici le sens latin signifiant « avec » : « confiance », « contact », « constance » et « conciliation » principalement, mais aussi « considération », « conviction » ou encore « compréhension ».
La confiance est la clé de la réussite, aussi bien dans sa dimension personnelle que relevant de l’interaction à l’autre ou à son environnement. Au travail, elle se construit justement par les interactions, le contact, à commencer par les simples « bonjour » le matin. Pour créer ce lien sur le terrain, en s’ouvrant à de nouveaux cercles, il est ainsi possible de réduire les effets des biais de positionnement et de confirmation, qui ne sont jamais bons pour prendre des décisions pertinentes. Pour la constance, il s’agit d’assurer la cohérence du cadre de références, les valeurs et les modalités du faire ensemble. Ce socle durable permet de mieux faire évoluer les objectifs, y compris lorsque les changements sont difficiles. Enfin, la conciliation concerne la manière d’aborder la négociation. L’idée n’est pas de faire plaisir à tout le monde avec un consensus mou, mais plutôt d’écouter, d’affronter les éventuels conflits et de prendre une décision qui embarquera le collectif.
C’est cela, mener un management résonnant faisant appel au « bon sens paysan », s’appuyer sur ces piliers : lien, confiance, constance et conciliation, notamment.