Systémiques intégratives : vers un mariage heureux des courants

Pour l’accompagnement des personnes et des groupes (coaching, RH, management…), pourquoi ne pas opter pour le meilleur de chaque approche systémique habituellement convoquée ? Karine Aubry et son collègue Frédéric Demarquet cassent les codes bien enracinés, loin des querelles de chapelles, afin de proposer des solutions décloisonnées pour répondre à toutes les situations de manière plus efficace.
Un nouvel éclairage de l’accompagnement
Lors de la rédaction du livre Accompagner les personnes et les collectifs avec les systémiques intégratives, co-écrit avec Frédéric Demarquet, nous sommes partis d’un constat : les activités de conseil en management sont souvent guidées par des théories bien ancrées et cloisonnées, que ce soit Palo Alto, le modèle Orienté Solution ou celui Orienté Objectif.
Les systémiques intégratives, plus inclusives, proposent plutôt de les marier afin de bénéficier du meilleur de chaque approche. Dans une situation bloquée, les méthodes utilisées généralement peuvent chacune répondre à des besoins particuliers, mais rarement à tous. Il est donc préférable de rester ouvert en sachant bifurquer, de moduler les dynamiques lors d’une séance, afin de gagner en efficacité. Il n’y a pas de modèle ultime, juste des approches plus ou moins adaptées en fonction des personnes et de leur contexte. Un exemple : un manager qui lutte en vain pour faire cesser les critiques d’un membre de son équipe à son encontre, pourra tirer parti de l’approche de Palo Alto en adoptant une attitude à contre-pied (laisser une place à la critique et la solliciter pour reprendre la main dans l’interaction). Ce même manager pourra ensuite s’appuyer sur la dynamique orientée solution pour renforcer sa capacité d’affirmation, en orientant son regard sur des ressources dont il a déjà fait preuve dans des situations passées.
Croiser les approches systémiques
En France, les approches managériales sont très cloisonnées, avec des écoles de formation de praticiens souvent « dans des cases ». Cela s’explique notamment par l’histoire même de la création de ces modèles au XXe siècle, nés de théoriciens qui se positionnaient en fonction des autres, forcément un peu en opposition. Chacun croyant, au moment de sa découverte, avoir tracé le chemin vers une panacée qui pourrait remplacer les autres approches à l’avenir. Résultat : pour beaucoup d’intervenants systémiciens, ces approches qui reposent pourtant sur les mêmes fondations à l’origine, doivent être utilisées de manière « pure », sans mélange. Mais dans les faits, les problématiques managériales sont la plupart du temps protéiformes, et les managers eux-mêmes, de profils très variés. Aussi, convoquer une seule approche semble inadapté, c’est le métissage qui fonctionne le mieux. Nous l’illustrons dans notre livre à travers de nombreux cas concrets, et nous avons souhaité, avec Frédéric, y théoriser de manière solide cet accompagnement adaptatif.
L’humain avant tout
Lors d’un accompagnement, les clés sont d’écouter, de comprendre, d’engager une relation de confiance et de faire preuve de curiosité. Cela permet de saisir la sensibilité de la personne en face et de trouver la méthode la plus à même de déclencher le déclic.
Pour les praticiens (NDLR comme c’est le cas par exemple des managers de transition CAHRA), le fait d’envisager les systémiques intégratives réclame de se remettre en question, en sortant du carcan installé. Quand on a l’habitude d’utiliser son modèle d’accompagnement sans en sortir, cette approche adaptative en temps réel est une rupture qui a pour objectif de créer du lien constructif entre les modèles, qui ont tous du sens dans des situations données.
Mini-bio de Karine AUBRY
Après plusieurs années dans la direction de projet dans le web, Karine Aubry a fait le choix il y a 16 ans de se tourner vers la question des processus humains : « J’ai constaté qu’on pouvait aider les gens sans donner de conseil, juste en questionnant… ». Un long chemin de découvertes qui lui a permis de devenir coach en entreprise en 2011, de publier de nombreux articles, notamment sur son blog L’œil du Kolibri, et d’écrire plusieurs ouvrages :
- Trop bon élève au travail ? Attention danger ! Savoir échapper aux pièges de la suradaptation professionnelle (Inter Editions (Dunod) en 2021) ;
- Essaye encore ! Déjouer les pièges relationnels au travail (Enrick B. Editions en 2017 puis 2021, co-écrit avec Estelle Boutan) ;
- Travail : dites non à la suradaptation (Dunod, janvier 2025)
- Accompagner les personnes et les collectifs avec les systémiques intégratives. Guide pratique et études de cas (Enrick B. Editions en novembre 2024, co-écrit avec Frédéric Demarquet).